À la centrale de Fessenheim, le combustible nucléaire a été évacué en 2022. Mais les risques liés à la radioactivité sont toujours présents. Pour preuve, le 20 février dernier, un travailleur qui a passé quelques heures dans le bâtiment combustible du réacteur 2 a été contaminé au visage par une particule de cobalt 60 (un radioélément artificiel émettant des rayonnements gamma très pénétrants). Il n’est pourtant allé que dans des zones classées non contaminées.
Les faits étant survenus en soirée, personne n’était présent sur place pour le prendre en charge. Il a contacté la personne d’astreinte, qui a mis 30 minutes à arriver. Entre-temps, le travailleur a décidé de se décontaminer tout seul. Et il a réussi, malgré la technicité du geste, le stress et le contexte anxiogène. Il a ainsi pu limiter la dose qu’il a reçue en réduisant son temps d’exposition aux radiations. Mais ce-faisant, il a aussi pris le risque d’aggraver la situation, car il aurait pu inhaler ou avaler la particule radioactive qui, une fois à l’intérieur du corps, est plus difficile à éliminer.
L’absence de personne compétente en radioprotection sur place lors d’interventions en zone contrôlée interroge. Et laisse ces intervenants exposés à des risques qui sont de surcroit sous-estimés, puisque la contamination de la zone n’avait pas été détectée. De quoi questionner la suffisance des moyens alloués par EDF à la radioprotection des travailleurs.
CRIIRAD
Laure Barthélemy
